Plus qu’un retour de boomerang de la démocratie directe, le mouvement des gilets jaunes révèle la transformation en cours de la représentativité des parties prenantes de la société civile.
L’essaim se forme lorsque les personnes ou de petits groupes dispersés, qui appartiennent à un même mouvement convergent de plusieurs directions à la fois vers un lieu unique.
L’incommunicabilité croissante entre ceux qui croient tout savoir et ceux qui pensent que le savoir des élites n’est qu’une forme d’oppression déguisée mine toutes les sociétés occidentales.
Avec le changement climatique, la gestion des ressources naturelles affecte directement les pays riches. La crise des « gilets jaunes » en fournit un exemple frappant.
Quelques enseignements tirés d’une expérience de sociologue ayant travaillé sur des formes de violences sociales et politiques et sur les stratégies sécuritaires déployées par les pouvoirs publics.
Les travaux portant sur l’organisation des mouvements sociaux en sociologie permettent de comprendre les caractéristiques inédites de cette dynamique et les moyens d’y répondre.
Les rhétoriques divergent tellement entre les gilets jaunes et l’exécutif que la situation présente possède toutes les caractéristiques d’une impasse politique liée à une profonde incommunication.
Convertis au projet de l’autonomie personnelle, les citoyens ne se considèrent plus comme des administrés remettant leur confiance à des élus agissant pour le bien commun.
Jean-Marie Charon, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Les médias sont dans une position paradoxale : espace nécessaire de représentation, de démonstration de la force, ils suscitent l’exaspération des acteurs de la contestation.
A l’heure des « gilets jaunes » analyse de la place de la violence protestataire dans le discours journalistique, à travers l’exemple de la couverture médiatique des manifestations contre la Loi travail.
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Le mouvement des « gilets jaunes » correspond à un nouveau répertoire : s’il est défensif, et classique dans ses significations, il est particulièrement moderne dans ses formes.
Le simplisme et le « démagogisme » des solutions avancées par les gilets jaunes montrent que la route sera longue. Mais n’est-ce pas une étape nécessaire dans tout cheminement démocratique ?
Sans corps institué, sans tête identifiée, sans vertèbres idéologiques, ce mouvement insaisissable s’infiltre dans les fondations fissurées de notre vieille démocratie représentative.
Michel Miné, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Le constat de Grenelle, rédigé suite à Mai 68, n’a jamais été signé. En ouvrant les négociations entre syndicat et patronat, ce texte a pourtant eu une influence considérable sur le droit du travail.
Quelles sont les « conditions » pouvant donner « sens » et « crédibilité » aux examens universitaires ? En cette matière, la recherche du sens ne devrait jamais se traduire par l’oubli du droit.
Analyse des modalités de blocage des examens universitaire comme action protestataire et retour historique sur 1968 et 2009 lorsque la question des examens fut également inscrite à l’ordre du jour.
Laurent Lardeux, Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire
Tous des casseurs nos lycéens ? Pas forcément. Mais beaucoup expriment ainsi la frustration et la colère qu’ils ressentent face aux discriminations et aux injustices qu’ils vivent au quotidien.
Chercheur au CNRS, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay